Archives par mot-clé : BD

Les livres de Martin de Halleux

Les premiers titres parus (IdéeLa ville, deux romans sans parole du graveur belge Frans Masereel, L’empreinte du monde, son impressionnante monographie de 664 pages) m’ont vite donné envie de rencontrer Martin de Halleux pour lui proposer de figurer dans ma galerie îlienne. Pas de chance, dans l’entretien, l’éditeur m’annonce qu’il n’aime pas parler de ce qu’il fait, il préfère faire, laisser parler les livres, ses livres, il insiste. Moi aussi. Je questionne mais je récolte des Je fais mon métier, je travailleJe ne suis pas un éditeur singulier, Ce que j’aime c’est faire des livresCe qui compte, c’est les livres ou encore Les livres viennent ou ne viennent pas. Rugosités, rideaux tirés, petites impasses dans lesquelles notre conversation semble s’évanouir. Et je pense au très beau film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu. Héloise doit peindre le portrait de Marianne à son insu, sans séance de pose, l’observer puis tracer seule dans l’atelier. Le modèle qui se refuse. Ce ne fut pas à ce point. J’eus ma séance de pose, mais je sentais le modèle se dérober.

Encore…

La littérature au burin

Idée, Frans Masereel, Les Éditions Martin de Halleux, 2018

C’est quoi une idée ? Un impalpable, une abstraction ? Pourtant son origine grecque (eidon, voir, eidolon, l’image) relie le mot au visible. Illustrateur, graveur, peintre, Frans Masereel (1889-1972) fait la même chose. Il l’incarne, la montre en femme nue dans un roman de 83 images taillées au burin dans le bois d’un poirier, encrées puis passées dans une presse. Paru en 1920 aux éditions Ollendorff, tiré à 853 exemplaires, ce roman sans paroles ne fait pas grand bruit. Nouvelle tentative en Allemagne dans les années 1926-27, avec préface d’Hermann Hesse et puis le feu d’un autodafé en 1933. Bonheur, étonnement de cette nouvelle édition. Ni ride, ni poussière, du noir et blanc radical, féroce et lumineux.

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À ceux qui aiment le foot et aux autres

Hors-jeu, Matthieu Chiara, L’agrume, 2016

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Difficile d’y échapper. Qu’on aime ou pas le foot, il est là. Il s’impose pour beaucoup comme une évidence, une nécessité, une passion. D’autres dédaignent, repoussent, nient, mais il est là, surtout en ce début d’été 2016. Mon fils aime le foot. A sa façon. Il ne le pratique pas dans un club. Quelquefois, mais finalement assez rarement, il joue dans un jardin ou un stade, avec des copains. Il joue aussi de façon virtuelle. Il ne suit pas toutes les compétitions, mais là, il me semble qu’il n’a raté aucun match de l’Euro 2016. Il ne va pas au stade avec son père qui déteste ce sport. Il a son équipe favorite tout en étant facilement prêt à la dénigrer si elle cumule trop de défaites. Je ne suis pas sûre qu’il ait une culture historique approfondie en la matière. Il me semble qu’il se trompe parfois grossièrement sur le nom d’un joueur, l’équipe gagnante d’une compétition passée ou sur l’enchaînement complexe des sélections d’un joueur renommé, mais ce n’est qu’une intuition de ma part et je n’ai ni l’envie ni les moyens de la vérifier. En résumé, mon fils aime le foot. Il aime aussi la BD. Je lui ai donc offert Hors-jeu.

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Plus qu’à 37 points de l’appareil à raclette !

Zaï zaï zaï zaï, Fabcaro, 6 pieds sous terre Éditions, 2016

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Tout commence à la caisse du supermarché. Un client a oublié l’indispensable carte du magasin. Il sera pour cela poursuivi par toutes-les-polices-du-pays. Auteur et héros d’un road movie déglingué, Fabcaro livre avec Zaï zaï zaï zaï, une critique puissante et hilarante de notre société. Traversant plusieurs univers (le commerce, la police et la gendarmerie, la politique, les médias, l’école, sans oublier… le petit monde de la BD), Fabcaro questionne à coups de vignettes drôles et (car ?) déconcertantes un sujet majeur, l’identité et la singularité. A quoi s’attaque-t-il ?

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