Archives par mot-clé : humour

À ceux qui aiment le foot et aux autres

Hors-jeu, Matthieu Chiara, L’agrume, 2016

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Difficile d’y échapper. Qu’on aime ou pas le foot, il est là. Il s’impose pour beaucoup comme une évidence, une nécessité, une passion. D’autres dédaignent, repoussent, nient, mais il est là, surtout en ce début d’été 2016. Mon fils aime le foot. A sa façon. Il ne le pratique pas dans un club. Quelquefois, mais finalement assez rarement, il joue dans un jardin ou un stade, avec des copains. Il joue aussi de façon virtuelle. Il ne suit pas toutes les compétitions, mais là, il me semble qu’il n’a raté aucun match de l’Euro 2016. Il ne va pas au stade avec son père qui déteste ce sport. Il a son équipe favorite tout en étant facilement prêt à la dénigrer si elle cumule trop de défaites. Je ne suis pas sûre qu’il ait une culture historique approfondie en la matière. Il me semble qu’il se trompe parfois grossièrement sur le nom d’un joueur, l’équipe gagnante d’une compétition passée ou sur l’enchaînement complexe des sélections d’un joueur renommé, mais ce n’est qu’une intuition de ma part et je n’ai ni l’envie ni les moyens de la vérifier. En résumé, mon fils aime le foot. Il aime aussi la BD. Je lui ai donc offert Hors-jeu.

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Ti-Zibié, ton stylo te fera mourir couillon !

Solibo Magnifique, Patrick Chamoiseau, Gallimard, 1988

P. Gauguin, Palmiers de Martinique, 1887
P. Gauguin, Palmiers de Martinique, 1887

Quand j’ai lu pour la première fois Patrick Chamoiseau (Texaco, Gallimard, 1992), j’ai eu l’impression simultanée de découvrir et de comprendre une nouvelle langue. Pas seulement une nouvelle langue d’écriture, non, une nouvelle langue pour communiquer. Une langue étrangère, comme on dit pour faire la distinction avec sa langue maternelle. Je la comprenais par la lecture. Continuer la lecture de Ti-Zibié, ton stylo te fera mourir couillon !

Plus qu’à 37 points de l’appareil à raclette !

Zaï zaï zaï zaï, Fabcaro, 6 pieds sous terre Éditions, 2016

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Tout commence à la caisse du supermarché. Un client a oublié l’indispensable carte du magasin. Il sera pour cela poursuivi par toutes-les-polices-du-pays. Auteur et héros d’un road movie déglingué, Fabcaro livre avec Zaï zaï zaï zaï, une critique puissante et hilarante de notre société. Traversant plusieurs univers (le commerce, la police et la gendarmerie, la politique, les médias, l’école, sans oublier… le petit monde de la BD), Fabcaro questionne à coups de vignettes drôles et (car ?) déconcertantes un sujet majeur, l’identité et la singularité. A quoi s’attaque-t-il ?

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Miraculeuse conversation !

La conférence de Cintegabelle, Lydie Salvayre, Seuil / Verticales, 1999

G. Braque, L'oiseau noir et l'oiseau blanc, 1960
G. Braque, L’oiseau noir et l’oiseau blanc, 1960

L’an dernier, j’ai passé plusieurs semaines avec Lydie Salvayre, avec l’auteur, j’ai lu presque tous ses livres, les uns après les autres, tellement je fus séduite par le premier de la liste. Il se trouvait déjà dans notre bibliothèque. Marc inscrit toujours dans ses livres ses prénom, nom, le mois et l’année de lecture. Il a une autre manie, celle d’y relever les mots rares, ceux qu’ils rencontrent pour la première fois. C’est ainsi que j’ai trouvé à la fin du très beau Bruissement de la langue (Barthes, Le Seuil, 1984) deux pages couvertes de mots écrits en tout petit. Y trônaient hypostase, paragramme, l’étrange signifiose et le très bel éréthisme. Dans La conférence de Cintegabelle, rien. Le livre était vierge de toute lecture, de toute écriture. Son titre ne me disait pas grand-chose. Cintegabelle, petite commune de Haute-Garonne, Lionel Jospin, conseiller général du canton éponyme jusqu’en 2002. C’était tout.

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