Le détour, Luce d’Eramo, traduit de l’italien par Corinne Lucas Fiorato, Le Tripode, 2020
Commencé avant le confinement, terminé pendant. Livre à la frontière, dedans, dehors. Livre qui laisse une marque, incertaine, confuse, forte. J’ai entendu une voix, celle d’une femme, décidée à se souvenir, qui s’y reprend pour raconter, faire remonter le passé, pas seulement pour en rendre compte, mais aussi pour y croire elle-même, édifier quelque chose d’elle-même en le travaillant avec son présent et par l’écriture. Italienne, née à Reims, Luce d’Eramo a 13 ans quand elle quitte la France, en 1938, pour rentrer avec ses parents en Italie. Famille fasciste (le père devient sous-secrétaire d’État de la république de Salò en 1943). Elle en a 19 quand elle décide d’aller voir par elle-même ce qui se passe dans les camps nazis. On raconte tant d’histoires. Elle part, portraits de Mussolini et d’Hitler dans son petit bagage, s’engage comme ouvrière volontaire en Allemagne. Le détour est la somme agitée et vivante de ces remémorations.
Encore…