Archives par mot-clé : ville

Les livres de Martin de Halleux

Les premiers titres parus (IdéeLa ville, deux romans sans parole du graveur belge Frans Masereel, L’empreinte du monde, son impressionnante monographie de 664 pages) m’ont vite donné envie de rencontrer Martin de Halleux pour lui proposer de figurer dans ma galerie îlienne. Pas de chance, dans l’entretien, l’éditeur m’annonce qu’il n’aime pas parler de ce qu’il fait, il préfère faire, laisser parler les livres, ses livres, il insiste. Moi aussi. Je questionne mais je récolte des Je fais mon métier, je travailleJe ne suis pas un éditeur singulier, Ce que j’aime c’est faire des livresCe qui compte, c’est les livres ou encore Les livres viennent ou ne viennent pas. Rugosités, rideaux tirés, petites impasses dans lesquelles notre conversation semble s’évanouir. Et je pense au très beau film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu. Héloise doit peindre le portrait de Marianne à son insu, sans séance de pose, l’observer puis tracer seule dans l’atelier. Le modèle qui se refuse. Ce ne fut pas à ce point. J’eus ma séance de pose, mais je sentais le modèle se dérober.

Encore…

Total Mexico

Jeu nouveau, Raphaël Meltz, Le Tripode, 2018

Raphaël Meltz m’intrigue, je l’ai déjà dit. Je mets de côté le personnage public qui a co-créé et fait vivre un temps la revue de papier Le Tigre et avant, celle virtuelle de R de réel, celui qui a été en 2011 candidat à la direction du Monde ou celui qui a occupé récemment les fonctions d’attaché culturel à l’ambassade de France du Mexique. Non, ce qui m’intrigue, depuis Urbs, c’est son rapport avec l’écriture, cette façon de s’y montrer dedans et dehors, de désosser tout en donnant chair, de nous plonger dans une narration tout en paraissant rester observateur de lui-même (mais quel lui-même ? quel je ?). Je me suis donc embarquée avec une grande curiosité dans ce Jeu nouveau, 382 pages dont 130 de questions, doutes, sources, analyses, commentaires qui font cortège au roman.

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Où commence la littérature ?

Le Grand Paris, Aurélien Bellanger, Gallimard, 2017

Peu après son arrivée de Pologne en France, en 1971, Eustachy Kossakowski photographie les 159 panneaux marquant l’entrée dans Paris (Musée Nicéphore Niepce, Châlon-sur-Saône). Ces photographies ont été présentées dans l’exposition « Six mètres avant Paris » au Mac Val (avril 2017).

Hors la mention roman imprimée sur la couverture ivoire de la célèbre collection de Gallimard, qu’est-ce qui fait du Grand Paris signé Aurélien Bellanger un roman ? La question m’a travaillée durant 476 pages. Au-delà du genre dans lequel classer un texte, il y a la question de ce qui fait littérature, sa germination, son éclosion dans un texte, ce dernier en devenant véritablement porteur.

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