Archives par mot-clé : masculin

Quatre boules de cuir

Beauté du geste, Nicolas Zeisler, Le Tripode, 2017 

L’illustration de couverture a été réalisée par Anna Boulanger, auteur du magnifique album « l’Absence » (https://suruneilejemporterais.fr/sens-de-lecture/)

Je ne connais pas grand-chose à la boxe. Pas spécialement attirée par les shorts amples de satin rouge ou bleu vif couverts de stickers moches, les nez écrasés, les visages déformés à la longue, les arcades explosées, les regards vidés par l’effort du combat. Mon fils a commencé à en faire cette année. Un truc important pour lui. Parfois, dans la cuisine, il esquisse des gestes appris. Quand je le vois se mettre en position, préparant son corps, simultanément, à l’attaque et à la protection de lui-même, je trouve ça beau, mais c’est mon fils. Beauté du geste, nouvel ovni des éditions Le Tripode, parle de boxe et c’est un très beau livre.

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Dans le grain du couple

La conversation amoureuse, Alice Ferney, Actes Sud, 2000

R. Doisneau, Le baiser de l'Hôtel de ville (1950)
R. Doisneau, Le baiser de l’Hôtel de ville (1950)

Pour la première fois cet été, j’ai lu un texte d’Alice Ferney. Le cadeau d’un ami, Le ventre de la fée (Actes Sud, 1993). Un livre sur la maternité, m’avait-il annoncé. Une femme met au monde un enfant qui devient monstre. Une prose mêlant sans retenue le doux, le sensuel et l’horreur. Un conte, un texte court, subversif, résistant à toute sociologie ou psychologie. Comment un garçon élevé dans l’amour d’une mère-fée devient-il brute sans affect ? Comment l’ange devient-il diable ? Comment l’amour donné par la mère devient-il violence meurtrière chez le fils ? Continuer la lecture de Dans le grain du couple

Tragédie forestière

Et quelquefois j’ai comme une grande idée, Ken Kesey, traduit de l’anglais (États-Unis) par Antoine Cazé, Monsieur Toussaint Louverture, 2015

ken keseyD’abord, parler de l’objet. Très beau, avec de l’esprit, du soin, de la conviction, de la culture. La jaquette de couverture est ornée de motifs constructivistes évoquant la forêt, décor du roman. En quatrième de couverture, à côté du prix du livre, un merci délicatement imprimé. A l’intérieur, la dernière page pourrait être utilisée comme support de formation dans l’édition. Elle détaille les papiers, typographies, encres, dimensions de l’ouvrage ainsi que le Continuer la lecture de Tragédie forestière

À ceux qui aiment le foot et aux autres

Hors-jeu, Matthieu Chiara, L’agrume, 2016

hirs-jeu

Difficile d’y échapper. Qu’on aime ou pas le foot, il est là. Il s’impose pour beaucoup comme une évidence, une nécessité, une passion. D’autres dédaignent, repoussent, nient, mais il est là, surtout en ce début d’été 2016. Mon fils aime le foot. A sa façon. Il ne le pratique pas dans un club. Quelquefois, mais finalement assez rarement, il joue dans un jardin ou un stade, avec des copains. Il joue aussi de façon virtuelle. Il ne suit pas toutes les compétitions, mais là, il me semble qu’il n’a raté aucun match de l’Euro 2016. Il ne va pas au stade avec son père qui déteste ce sport. Il a son équipe favorite tout en étant facilement prêt à la dénigrer si elle cumule trop de défaites. Je ne suis pas sûre qu’il ait une culture historique approfondie en la matière. Il me semble qu’il se trompe parfois grossièrement sur le nom d’un joueur, l’équipe gagnante d’une compétition passée ou sur l’enchaînement complexe des sélections d’un joueur renommé, mais ce n’est qu’une intuition de ma part et je n’ai ni l’envie ni les moyens de la vérifier. En résumé, mon fils aime le foot. Il aime aussi la BD. Je lui ai donc offert Hors-jeu.

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Entre père et fils, brouillages en Alaska

père fils

David Vann, Sukkwan Island, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Derajinsky, Gallmeister, 2010

Certains romans ressemblent à des plats étonnants de force et de subtilité, excellents. On s’en souvient longtemps après leur dégustation. On garde l’impression d’avoir été tenus, dévorants, plaqués au texte, comme à une fascinante paroi. Des romans dont on a senti à la lecture, de façon confuse mais sûre, qu’ils entreraient en nous, nous pénétreraient, deviendraient une partie de nous. Sukkwan Island de l’américain David Vann, publié en France en 2009, est pour moi un de ceux-là.

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