Le démon de saint Jérôme, L’ardeur des livres, Lucrèce Luciani, La Bibliothèque, 2018
Avant, je rangeais mes livres, verticalement, selon un ordre explicite, dans un endroit unique, nommé bibliothèque. Aujourd’hui, ça dépend. Parfois, mes bureaux, meuble et espace, en sont couverts, piles inégales, entassements qui ne parlent qu’à moi. En désordre, à portée de main, ils témoignent de plaisirs passés ou en promettent de nouveaux. Parfois, insupportée par l’invasion, je reprends la main. Je range. Je retrouve la couleur du plancher, mes rayonnages, un air sage et mon chat, la douce chaleur de l’ordinateur. Une longue guerre est engagée avec les livres, alternance de combats et de trêves, de plaisirs (ce qu’ils ouvrent, confortent, apaisent) et de rages (les mauvais livres dont on se débarrasse, l’infini de ceux qu’on ne pourra lire, l’oubli de ceux qu’on a aimés). Je lis plusieurs livres à la fois, picore ou dévore, j’en ai toujours deux ou trois dans mon sac, plein à côté de mon lit et je ne reviens pas sur les bureaux. L’histoire de l’objet m’intéresse. Folle de livres et de littérature, j’aime mes homologues. Saint Jérôme en était un et Lucrèce Luciani me paraît aussi bien toquée.
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